Mes voyages en Amérique latine

Cuba 1992

Une grande déception

J'ai voulu retrouver le Brésil à Cuba. J'ai recherché à Cuba la musique aux coins des rues. Je m'imaginais sortir tous les soirs dans des bars avec orchestres...

Mon voyage s'est déroulé entre 2 décembre et le 20 Décembre 1992.

Ce texte a été écrit à mon retour de Cuba fin 1992 en me servant des notes prises sur un petit carnet au cours du voyage.




Un très mauvais souvenir : je me suis fait voler

Pour arranger le tout je me suis fait voler mon sac à l'arrachée dans le quartier historique de La Havane, derrière la cathédrale, un dimanche en plein après-midi, sur une place avec des bancs, des gens assis sur les bancs ou se promenant. Deux jeunes sont arrivés par derrière et ont tiré l'anse de mon sac vers le bas si fort que l'anse s'est détachée. Je suis restée avec l'anse dans la main et eux se sont enfuis avec mon sac à main, qui contenait mon appareil photo, mon carnet d'adresses, et un pull, c'est tout. 

C'est qu'il ne faisait pas très chaud à La Havane en décembre, tout juste 20° le jour et 15° et moins la nuit.

Les gens (les Cubains) qui étaient présents sur cette place, sont arrivés.. mais "après"... ils ne sont pas intervenus (et il y en avait du monde assis sur les bancs).

Ils m'ont dit : "tu n'as rien, tu n'es pas blessée ? ils ont volé ton passeport ? ton argent ?"...
Non... je suis habituée à voyager, mes choses importantes ne sont pas "sur moi".

Mais mon appareil photo, et toutes les photos déjà prises, mes souvenirs... Donc de Cuba très peu de photos. (J'ai racheté un appareil photo sur place par la suite). Et donc beaucoup d'images d'Internet dans cet article.

Et je suis allée boire et danser !

Je suis aussitôt allée boire un Mojito.

C'était le jour de la fête des Travailleurs et des scènes avaient été dressées sur le Malecon.  

Ce soir-là je suis allée danser toute la nuit (c'était le fête, il y a avait des scènes de dressées sur le Malecon , et il faisait un de ces froids  !  

Cuba, c'est le seul pays du monde où l'on m'a assaillie et volée. 

J'ai été traumatisée pendant une année entière.

Je suis arrivée dans une période très dure

Voyage organisé obligatoire


Déjà il fallait partir en groupe organisé.
C'est l'un des très rares "voyages organisés" que j'ai fait. Nouvelles Frontières...

Un grand bus... Vingt personnes... un guide tout le temps...
 
Au jardin botanique - Magali notre guide

Tout se paye en dollars américains

Ensuite on ne pouvait pas utiliser la monnaie locale, les pesos, tout se payait en dollars américains. Il n'y avait pas de bus, pas d'essence. Les boutiques arboraient des étiquettes sans prix car les Cubains ne pouvaient pas payer en argent mais en bons d'achats.

On m'a raconté que c'était comme cela dans les pays communistes de l'Europe de l'Est mais je n'étais jamais allée dans aucun  de ces pays.

Les centavos ne nous servent à rien, puisqu'il n'y a pas de cafés, pas de taxis à part les "turisticos", qu'on paye en US dollars, avec un compteur, et ils ne se baladent pas en dehors du chemin.

Ce que les cubains m'ont dit

Je me débrouillais un tout petit peu en Espagnol. les gens croyant que je comprenais tout, venaient me raconter leur vie : pas de sorties, pas de distractions, pas d'argent et pas d'avenir. L'ambiance était d'une tristesse.

Les Cubains n'ont même pas le droit de faire des réunions d'amis chez eux, parce qu'ils ne trouvent plus à acheter les boissons !

Ils n'arrivent plus à sortir du pays, parce que les autorités sont très strictes pour accorder les permissions.

La vie pour un Cubain se résume à travailler, et ils n'ont plus aucun plaisir.

Tout cela ce sont les gens que je rencontrais dans la rue et qui venaient me parler (en espagnol) qui me le racontaient.

Qu'est ce que l'émulation ? 

C'est encourager les gens à travailler le plus posssible pour avoir "le droit" d'acheter une voiture, ou de recevoir une semaine de vacances à la plage (on leur paye l'hébergement, mais il leur faut payer le reste).

La population

La population est très noire de peau, quasiment la couleur pure de l'Afrique.

Il semble qu'il n'y ait pas eu de métisssage dans ce pays, je n'ai pas croisé de métisses, ni de blancs avec des traits africains. Les "blancs" ont la chevelure frisée comme des latins, espagnols, mais pas crépue comme des Mulâtres.

Je n'ai pas vu de gens qui portent des lunettes !


De Paris à La Havane

A l'aller, le vol de la Cubana a pris la route du Nord, via le Canada. Un DC 10.
Un vol de jour. Partis à 10h30, on est arrivé vers 19 hres, heure locale, le soir.

Arrivée d'avion. On atterrit au dessus d'une ville (La Havane.) où il n'y a presque pas de lumières.
Une éternité pour avoir nos bagages.


La Havane

Des queues de rationnement. D'abord pour avoir le ticket (la tarjeta), pour ensuite faire à nouveau la queue à une boutique. Tous les jours, les Cubains font cela pour pouvoir acheter des produits frais.

Il n'y a pas de boutiques. Il n'y a pas de taxis. les bus ne circulent qu'aux heures du travail.
Il y a quelques cafétérias, où on boit debout au comptoir, du jus de fruit pour 0,30$.
Une abondance de vélos, et de side-cars.

La Havane est une ville calme, il n'y a pas de circulation, on traverse comme ça !
Il n'y a plus de musique dans les rues, plus d'endroits pour sortir. Les seuls endroits possibles pour sortir sont les discothèques, mais les Cubains n'ont pas le droit d'y entrer.
Cependant, il y a des "accompagnatrices de luxe"... cubaines....

La fabrique de cigares 

Ils travaillent 8 heures par jour. ils doivent produire un certain quota. S'ils produisent d'avantage, ils reçoivent plus de salaire. Si moins, ils reçoivent moins de salaire. le salaire est d'environ 500/600 FF par mois.

Étape n°1 : Le bain des feuilles, une odeur très forte.

Étape n°2 : Ils étalent les feuilles. Ils doivent produire un certain nombre de paquets (à la main, toujours) de quatre bottes par jour.

Étape n°3 : Ils roulent les cigares. Il y a des moules selon les numéros. Ils moulent pour faire la tête, et la collent avec de la colle. Et ils baguent.

Étape n°4 : Le tri. Tous les cigares doivent avoir la même couleur dans une boîte.

Étape n°5 : La mise en boîte. Il y a des filles de 21 ans qui font un stage de 7 mois, tout en suivant leurs études, et comptent ensuite bien être embauchées au sein de la fabrique, et grimper les échelons.

C'est le cigare n°1 qui est le meilleur. il est plus fin, il a un bout façonné... Ils produisent pourtant beaucoup plus du n°3.

Les cigares 

Le "Cohiba": 5 Coronas

Especiales n°1 : 39 US $ (L'especial n°1 est simplement plus grand, mais la qualité est la même).

Il y a aussi : le Montecristo, le Patargas.

Le Davidoff cubain est une pièce de musée.
La firme a fermé.


Image d'Internet

Les cocktails

On est allé à L'hôtel Habana Libre : sans air clim, dans un jardin, intérieur sombre.
Le hall est très agréable.

Il y a beaucoup de Cubains ! et pas beaucoup d'étrangers.


Image d'Internet - © hotelhababalibre.com

Les cocktails sont à 2 $ et quelques cents.

Bello Monte :
Un peu de du rhum blanc, de la grenadine dans le fond, du jus de citron (rondelles de citron) mélanger dans un shaker avec de la glace pilée. Ajouter de la crème de menthe et une feuille de menthe.

Mojito :
1 cuiller à café de sucre, 7 g de jus de citron vert, 58 g de rhum blanc, des glaçons + de l'eau gazeuse et quelques gouttes d'angostura, ainsi qu'une branche de menthe pour le décors.

Holguin

L'hôtel où l'on est est complet à cause de la présence des Cubains eux-mêmes. Ils ont des des vacances payées. Ce sont des couples avec enfants. Il y a une très grande piscine. Holguin n'est pas en bord de mer, mais à 40 km de la mer.

La musique à la mode est une chanson accompagnée au synthé, comme partout. Mon maillot deux pièces s'appelle ici " une tanguita ", un maillot une pièce s'appelle " une trusa ".
El " frio", c'est... le frigo !

L'hôtel est excentré. On est parti à pied vers la ville.

On passe par un quartier de HLM, puis c'est la banlieue, des routes, goudronnées, mais ce sont des chemins de terre qui mènent aux habitations, des baracas, des cabanas, des maison en rez de chaussée seulement, et peintes en bleu... en vert...

Les boutiques que je vois : un marchand de chaussures avec quelques chaussures pour enfants dans la devanture, une pharmacie (approvisionnée) où se trouvent quelques clients.

Dans les boutiques, les prix sur les étiquettes portent des sigles du genre "M11" ce qui signifie qu'il faut posséder le coupon de rationnement correspondant "M11". Oui, il y a des boutiques dans cette ville, mais pour avoir le droit d'acheter il faut avoir le ticket "M11".

Il y a beaucoup de vélos, et c'est l'heure, 17h30/18h, où les gens rentrent de leur travail. Et je trouve qu'il y a beaucoup de voitures par rapport à La Havane.

Une manufacture de café, deux grandes cheminées d'où sort une fumée très forte...
Un stade, du genre Maracanhita, Calixto Garcia, et... des calèches ! Les calèches sont les taxis collectifs !

On arrive au centre ville. mais la nuit est presque tombée. Il y a un parc, et une église, quelques personnes sont assises sur les bancs, et je vois une grande queue (?). Des inscriptions parlant du Socialisme, sont peintes sur les murs.

Les calèches, les taxis collectifs, il faut les payer en pesos. Comme on n'en a pas, on rentre à pied.

On a été à trois reprises ennuyées par des types qui nous accostent en anglais, pour draguer, ou échanger des dollars.

Les gosses nous harcèlent pour avoir des... chiclete...

A Holguin on a vu un orchestre sur la place, il semble que c'était à cause de l'inauguration d'un centre commercial. Les gens ne dansaient pas, ne se remuaient pas, en écoutant la musique.

Dans l'hôtel, on a droit à une douche froide, le soir, parce qu'il y a eu une coupure totale d'eau et d'électricité. Il y a dans tout Cuba des coupures d'électricité, tout le temps, pendant 8 heures.

Il y a la TV dans la chambre, reliée par un fil électrique, mais il n'y a pas de prise électrique !

Le matin, le petit déjeuner était très restreint.

L'autoroute

Il y a une autoroute qui va vers Santiago. Elle a été construite pour servir de piste d'atterrissage ou de voie rapide en cas de guerre.

Dans les champs, on voit des gens qui bossent, qui sont "en stage" mais ils sont tous noirs.


Santiago de Cuba

C'est une très vieille ville, fondée en 1514 et elle a été le premier peuplement européen de l’Île. On est à 900 km de La Havane. Il y fait plus chaud, de l'ordre de 26°.

La baie de Santiago est très laide, belle seulement de nuit, et vue des hauteurs, du Castillo del Morro.

Je me souviens avoir marché le long de ces murailles, et d'y avoir rencontré de jeunes Cubains qui ont voulu nous raconter leur vie.


Castillo del Morro
Ils m'ont dit... 
Ils travaillent, et n'ont aucun plaisir. Ils disent que ça ne va pas durer, et qu'ils sont jeunes. 
Ils disent "On a tout obtenu par la révolution, et maintenant on va revenir en arrière !"

Le marché couvert est fermé pour cause de non-approvisionnement.

Dans la boutique de fruits, les gens présentent leur carnet. Le vendeur inscrit dessus ce qu'ils achètent et l'inscrit aussi sur le carnet de la boutique.

Les gens peuvent aller au restaurant, mais il faut réserver, et cela coûte 20/25 pesos.

Le système qui oblige à faire payer les étrangers en dollars américains uniquement, est fait pour éviter le change au marché noir. Puisque on ne peut rien payer en pesos ! Et aussi parce que les prix marqués en dollars sont cinq fois plus chers que les prix en pesos.
Du fait du système, il n'y a pas d'inflation. Et pas de concurrence entre les prix.

Les gens travaillent uniquement pour avoir "le droit" d'acheter.

La Maison de la Trova

On est allé à la Maison de la Trova, là où il y a de la musique...

Un musicien parle le Français, un peu. Il me dit qu'il a appris le Créole avec les Haitiens qui parlaient le patois français. Il nous explique : la clave c'est 2 rapides, 3 plus lents, et suit la mélodie.


Image d'Internet - Wikipedia

Les Français à Santiago

C'est que nous, les Français on a une Histoire à Santiago : en 1804, les colons français chassés de Saint-Domingue lorsque Haïti prit son indépendance, débarquèrent dans ce port de Cuba. Ils sont à l'origine du "quartier français". Ils introduisirent dans l’île la culture du café, ainsi que la vogue des cafés-concerts. Le plus fameux s’appelait "Tivoli", et le quartier français porte aussi ce nom.

Une Alliance Française vient d'ouvrir à Santiago de Cuba.

On se fait toujours emmerder dans cette ville de Santiago

Par les gamins, qui veulent changer de l'argent pour obtenir des dollars. Ils veulent obtenir des dollars parce qu'ils n'ont pas le droit d'acheter dans les boutiques Intur. Alors, ils demandent à quelqu'un, un étranger, d'aller acheter à leur place. On se demande s'ils ne cherchent pas à tisser des liens d'amitiés uniquement dans cette perspective là.

Les gars de Santiago sont des baratineurs pas possibles. on ne peut pas s'en décoller.

Le Centre Culturel Africain " José Ortiz"

On y trouve des objets et une bibliothèque. C'est que Santiago de Cuba abrite une université. Il existe pour les étudiants Africains qui étudient à Cuba. Et les autres aussi. On y trouve aussi des livres... en portugais.

C'est un quartier très chic, il y a de belles demeures, des écoles, et des facultés.

Les ethnies africaines à Cuba sont des Yoruba à La Havane. des Araras et des Haitiens à Matanzas des Congos à Santiago.

Les avions : des Antunov 24 à hélices. Les roues rentrent sur les côtés. Ils ne sont pas pressurisés. Il y fait très chaud quand on est au sol, et très froid quand on est dans le ciel.

Cienfuegos

Je regarde la TV.

La TV se nomme la Tv Rebelde ! On y annonce des coupures d'électricité. Elles se font quartier par quartier, et ils annoncent les horaires des coupures. Il y a des spots, des faits historiques (ex : la guerre contre l'Espagne, des batailles) ou la mort d'un personnage important du parti, un militant ...).

A 19h il y a un programme d'aérobic. Quatre filles blanches et une noire, et toutes les quatre très minces.

Les journalistes qui présentent le journal télévisé sont toutes des blanches.

Un chauffeur de taxi m'a dit, quand je lui ai expliqué que "mon mari était resté travailler à Paris" : "moi, si j'avais une femme comme toi, je ne la laisserais pas partir seule"... ma réponse : "en France, les femmes sont libres et indépendantes économiquement". Sa réponse ... "Ah oui ! c'est bien ! ".

Trinidad

C'est "la" ville historique par excellence, à l'architecture coloniale, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1988.


Image d'Internet - Wikipedia

Trinidad fut fondée en 1514 par le conquistador espagnol Diego Velázquez de Cuéllar
et a longtemps vécu grâce à la canne à sucre.

À Trinidad

A Trinidad, les fenêtres ont des barreaux de bois, pour aérer, mais il n'y a pas de fenêtres. de même à l'hôtel, il y avait un store en lamelles de bois, mais pas de vitres. Et il faisait... 15° la nuit !

Mais moi, ce qui m'a frappée ici, c'est un mauvais souvenir : le système, ici (et ailleurs), c'est d'entrer en amitié avec les touristes, et ensuite de leur demander d'aller acheter pour eux, à la "Tienda".
Ils nous donnent un dollar, et évidemment ce n'est pas assez pour acheter ce qu'ils veulent, et ils espèrent... qu'on complètent !

Je l'ai vécu en rencontrant une femme qui a voulu  me monter son autel de santeria dans sa maison.

Je remarque qu'à l'hôtel, au restaurant, on vous sert l'eau au verre, et jamais ils ne mettent une jarre d'eau sur la table.

Varadero

La station balnéaire...


Varadero - De l'hôtel Paraiso

Les odeurs de pétrole, venant des puits de pétrole, on les ressent à l'intérieur de l'hôtel, le soir, et même le matin dans les chambres. Une odeur de souffre.

En face de l'hôtel, de l'autre côté du canal, il n'y a que des puits de pétrole, arborant le drapeau canadien. Sur le chemin qui va de Varadero à La Havane, le long de la mer, il n'y a que puits de pétrole.

nser A Varadero j'ai quand même voulu changer contre quelques centavos. On est arrivé à sauter dans un bus, qui passait sur la route. On a couru pour l'attraper ! Mais c'est tout ce que j'ai fait avec mes centavos, que j'ai donné à un mendiant le dernier jour.

Le retour

Le vol de retour a pris la route via Madrid. On est parti à 8h30, et arrivés à Paris à 10h30 le matin.